Auto-entrepreneur : la folie
Depuis le 1er janvier, il parait que c'est la folie ! Un simple clic sur le site officiel, www.lautoentrepreneuriat.fr, et cinquante mille personnes se sont déclarées "auto-entrepreneurs" ... Pensez donc, salariés, chômeurs, retraités, étudiants ... en somme à tout le monde, a maintenant le droit de développer une activité complémentaire pour augmenter ses revenus ! Et en plus avec des cotisations apparemment avantageuses puisque l'auto-entrepreneur ne supportera qu'un seul prélèvement fiscalo-social équivalent à 13 % de son chiffre d'affaires mensuel, ou à 23 % pour les activités de service. Pas besoin non plus d'avoir de connaissances particulières du monde de l'entreprise, puisqu'il n'a pas à établir de bilan ou de comptes de résultat. Techniquement, une seule chose est demandée, c'est de remplir chaque mois "un livre chronologique des recettes" où sont enregistrées les ventes effectuées, et pour les commerçants "un livre des achats". Pour la retraite, l'auto-entrepreneur cotisera au régime social "de base" des indépendants. Mais j'y reviendrai plus tard !
Alors que demande le peuple ?
Votre patron ne vous paie pas assez ? Eh bien Sarkozy a la solution : travaillez le dimanche et de créez en plus votre boîte pour pouvoir survivre, il n'y a pas de problème ! En ces temps de crise, vous trouverez bien quelques petits travaux de peinture, d'électricité ou de plomberie que plus personne n'a les moyens de payer au prix normal, et tant pis si l'artisan de votre quartier ou de votre village, qui a embauché des ouvriers avec les qualifications requises, paie leurs charges normalement et participe même à leur complémentaire santé et retraite, ne peut pas suivre le dumping que cela va engendrer sur les tarifs. Il n'a qu'à demander à ses propres salariés de renoncer à leur contrat de travail et de devenir leur propre patron en passant eux aussi au statut d’auto-entrepreneur, il leur passera des contrats et le tour et joué ... tant pis aussi si ceux-ci n’ont ensuite comme autre horizon qu’une retraite de misère puisqu'ils ne cotiseront plus à la retraite complémentaire ... et tant pis enfin pour la garantie pour les clients, lorsque ceux-ci vont avoir à faire à une génération spontanée de personnes qui se diront professionnelles sans véritablement l'être !
On vous a mis à la retraite après 40 ans de "bons et loyaux services". Vous rêviez déjà de vous livrer enfin à votre passe-temps favori avec la belle machine à bois offerte par vos collègue pour votre départ, oh surement pas très longtemps car vous sentez bien sur vos articulations les effets des travaux pénibles qu'on vous a fait subir, et vous voulez aussi pouvoir profiter de vos petits enfants mieux que vous ne l'aviez fait avec vos enfants ... pensez donc, vous faisiez les 3x8 depuis 25 ans ! Maintenant vous allez avoir le temps ... Mais une fois vos comptes faits; avec les revenus indécents que vous allez toucher, pas d'hésitation ! il vous faut reprendre une activité, comme dans ces pays pourtant "développés" où on voit des personnes très âgées faire un tas de petits boulots. Votre belle machine va pouvoir vous servir ... et de toute façon, votre femme, vous n'alliez pas la voir beaucoup, elle aussi a dû continuer à travailler quand son entreprise a délocalisé en Chine, maintenant elle fait des vacations de nuit comme " auxiliaire de vie auto-entrepreneuse" dans une maison de retraite ! Mais, cerise sur le gâteau, votre gendre "ultra libéral" va pouvoir raconter à ses amis que les parents de sa femme sont des "patrons", c'est tellement mieux qu'ouvrier chez Renault !
Vous avez maintenant 55 ans et l'on ne vous trouve plus "rentable", pensez donc, vous avez réussi à gagner un chouia de plus que le petit jeune qui vient de sortir de l'école ! Là encore, tout est prévu, une fois au chômage, vous pourrez venir former ce petit jeune qui vous a remplacé contre quelques "haricots" que vous aurez le droit de cumuler avec les indemnités payées par la communauté ! Ensuite, vous n'aurez plus, comme l'employé mal payé ou le retraité de tout à l'heure, qu'à vous trouver des talents de maçon, électricien, plombier ...
Vous êtes patron, il y a longtemps que vous avez compris l'intérêt pour vos actionnaires d'"externaliser" le travail chez Cap Gemini, Accenture, Alten, Altran ou un de leurs clones plus modestes et éphémères qui ont fleuri depuis 20 ans ! On utilise même un de ces jolis noms anglo-saxon pour ca : outsourcing !!! Oui mais en attendant que le gouvernement les ait tous supprimés, vous craignez que l’un de ces inspecteurs du travail si tatillons ne trouve que le contrat que vous avez avec l'un de ces "prestataires de services" est une sorte d’embauche déguisée, puisque les gens que vous louez travaillent dans vos propres locaux depuis 2 ans, tout le temps puisque cette entreprise n'a pas ses propres locaux, et sous les ordres directs du seul employé que vous avez gardé. En plus, le patron de cette entreprise, autrefois l'un de vos amis qui l'a créée pour vous arranger, mais qui veut lui aussi sa part de gâteau, vous facture cher ces employés, notamment très cher par rapport à ce que touche la personne qui travaille chez vous et qui s’en contente. La tentation est énorme de supprimer l’intermédiaire esclavagiste, votre copains pourtant, mais en affaire, peut-on avoir des amis ? Et de proposer aux "bons employés" de devenir "acteurs de leur vie" Ce technicien qui vous coûtait 4 000 euros par mois et qui touchait lui au maximum 2 000. Vous le payez 2 600 euros par mois après qu’il ait monté sa société ou soit devenu auto-entrepreneur, juste ce qu'il faut pour rester dans les limites de chiffre d'affaire maximum imposé par ce statut (moins de 80 000 euros de chiffre d'affaires pour une activité commerciale ou moins de 32 000 euros pour ceux qui travaillent dans les services, mais certains pensent déjà à le relever pour que davantage de personnes soient concernés par ce dispositif, pensez-donc le bonheur si tout les salariés pouvaient être exclus du code du travail et du système de protection sociale !), et vous économisez 1 400 euros par mois avec en bonus la possibilité de rompre le contrat beaucoup plus facilement qu’un contrat d'"assistance technique" ! et puis vous pouvez même licencier le seul employé que vous aviez gardé chez vous en le changeant ensuite en auto-entrepreneur. Le statut est compatible avec le chômage, il touchera des indemnités avec en prime un petit quelque chose en continuant à travailler chez vous ... Sarkozy a d'ailleurs pensé à tout, le gouvernement a fait sauter la possibilité de pouvoir faire requalifier en salariat le lien de subordination entre un client et son unique fournisseur ... Tout cela au prétexte que les gens ont le droit d'organiser leur travail.
Des questions se posent évidemment ! Les technocrates qui ont mis en place ce système l’ont-ils fait sans vraiment imaginer les utilisations perverses du statut d’auto-entrepreneur ou l'ont-ils fait pour généraliser encore plus la précarité ?
Le président de la CGPME, Jean-François Roubaud, le dit "Il faudra prendre des mesures et mettre des barrières pour limiter la concurrence, notamment dans le cas d'un auto-entrepreneur salarié qui exercerait dans le même domaine que son employeur", mais quid des "nouveaux chômeurs" devenus "auto-entrepreneurs" qui ont des contrats avec leur ancienne société ? Dans quelques mois, y aura-t-il des statistiques de l'INSEE sur ce phénomène ?
Nota : Selon l'INSEE, le nombre de créations d'entreprises affiche une hausse spectaculaire de plus de 34,7% pour atteindre 33 624 créations en janvier 2009 contre 24 954 créations en décembre 2008. « Il faut noter qu'à compter de janvier 2009, les créations d'entreprises incluent celles des auto-entreprises parvenues à l'Insee au cours du mois, ce qui est à l'origine de cette forte hausse. » précise néanmoins l'institut.
Spécialiste des statistiques et de l'analyse économique, l'INSEE n'a toutefois pas précisé le nombre exacts de ces nouveaux auto entrepreneurs. « Le dispositif est encore jeune et publier ce chiffre reviendrait à évaluer l'efficacité de l'administration et non une réalité économique » a expliqué une représentante de l'institut.
Lepoint.fr a interrogé le député socialiste François Brottes, qui s'est particulièrement opposé au statut d'auto-entrepreneur lors de son examen à l'Assemblée. Selon lui, il risque de devenir "le stade ultime de la précarisation". Cet interview ici !
Commentaires
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